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Stratifieuse….de la haute couture maritime

Publié le 01/02/2021

# Stratifieuse…de la haute couture maritime

 

En se promenant à Lorient La Base, on peut voir des bateaux de course au large qui participent à des grandes courses à travers le monde et également de nombreuses entreprises.

En effet, l’ancienne base des sous-marins de Keroman, reconvertie en pôle nautique spécialisé dans la plaisance et la course au large, abrite un grand nombre d’entreprises et accueille de multiples compétences.

Aujourd’hui, nous vous emmenons à la découverte du métier de stratifieur, à travers l’expérience de Sandrine Mentec, jeune femme très enthousiaste et passionnée par ce qu’elle fait au sein de l’entreprise Marsaudon Composites.

 

Stratifieur ? En quoi consiste ton métier, Sandrine ?

Un stratifieur ou une stratifieuse réalise des pièces en matériaux composites selon différents procédés. Les matériaux composites sont constitués de trois éléments principaux :

 

  1. les fibres ou tissus : les renforts
  2. La résine : le liant
  3. Des produits chimiques : les catalyseurs qui permettent le durcissement de la résine.

 

Dans ma société, nous construisons principalement des catamarans* de croisière. Je réalise de grandes pièces comme le roof* ou la nacelle. Pour cela, nous avons de grands moules dessinés à la forme que nous voulons réaliser. Dans ces moules, je superpose des couches de tissus, principalement de la fibre de verre, puis, de la mousse. Je recommence à l’envers : la mousse puis les tissus. Le tout, selon des plans bien précis que les architectes navals nous ont fournis. Cette partie du travail s’appelle le drapage. Une fois ce hamburger réalisé, nous mettons en oeuvre l’infusion qui consiste à coller les couches de matériaux. Nous recouvrons notre hamburger d’une bâche en plastique et faisons le vide d’air. Cela fait, nous injectons de la résine et son catalyseur qui chemine entre les couches. Quand l’ensemble a durci suffisamment, nous enlevons la bâche plastique. Nous démoulons notre forme et nous sommes devant notre réalisation. C’est un moment bien concret et satisfaisant car tu as devant toi le fruit de ton travail, une pièce du futur catamaran. D’autres collègues effectuent aussi des stratifications pour assembler des pièces du bateau. Ils assemblent des bandes de tissus imprégnées de résine. Ces tissus relient les différentes parties du bateau. Par exemple, ils relient les cloisons.

Un même métier mais des réalisations et des procédés différents donc !

 

Quelle est ta plus grande peur quand tu réalises une pièce ?

Le moment le plus délicat est justement ce qu’on appelle l’infusion. Le moment où la résine chemine et durcit. Imagine si nous nous sommes trompés et que la résine se loge dans un endroit où elle ne devrait pas ? Ou encore si nous n’avons pas bien tenu compte de la température et que la résine ne durcit pas correctement? Ou si nous avons mal fait le vide d’air… Pour éviter ce genre de stress, je vérifie et vérifie, encore et encore afin d’être certaine que tout a été bien réalisé

 

De quelle qualité spécifique faut-il être doté ?

Je pense que la minutie est la plus grande qualité dont il faut faire preuve. Mais il faut aussi être ordonné, rigoureux et assidu. C’est à toi de rythmer ton travail et d’être bien dans les temps pour le rendu final. Je n’oublie pas non plus les qualités humaines car même si tu travailles en autonomie, tu fais partie d’une équipe et, chez nous, nous nous entraidons beaucoup. Les anciens toujours bienveillants nous conseillent et, nous, nous transmettons aux plus jeunes. C’est l’esprit du groupe et de notre entreprise en tous cas.

 

Est-ce un métier difficile et dangereux ?

C’est assez physique parce que tu travailles souvent à genoux, courbé ou contorsionné en fonction des endroits que tu dois draper. Il faut donc être assez résistant et tonique. Quant au danger, nous sommes extrêmement bien protégés grâce à des masques, des gants ultra résistants et des combinaisons. Il y a aussi une bonne ventilation pour ne pas subir les odeurs émanant des produits toxiques. Chacun doit se responsabiliser et porter comme il faut ses équipements.

 

Comment en es-tu arrivée à la pratique de la stratification ?

Mon parcours n’est pas très classique. J’ai arrêté mes études au niveau du bac et j’ai fait pas mal de métiers. Lorsque que Pôle Emploi a transmis mon curriculum vitae à mon entreprise actuelle, j’ai passé un entretien et j’ai été recrutée. J’ai toujours été très curieuse, manuelle, adaptable et flexible ; ces qualités ont dû jouer en ma faveur. Je me suis retrouvée au coeur du chantier totalement inexpérimentée. Un collègue a eu pour mission de me former. Nous avons commencé sur de petites pièces afin que je comprenne bien les différentes étapes de la stratification. Très vite, je suis devenue autonome. Tout ce que j’ai appris, s’enseigne bien sûr via des CAP* et des BEP* relatifs aux matériaux composites qui allient pratique et étude spécifique des tissus…

 

Y a-t-il beaucoup de stratifieuse ?

Si les hommes restent majoritaires dans les chantiers, on voit de plus en plus de femmes qui s’essaient au métier et qui y prennent plaisir.

 

Comment imagines-tu évoluer ?

Cela fait deux ans que je suis en poste. Je suis passée des petites pièces aux grosses pièces à stratifier. Je n’ai pas encore touché aux dérives* qui sont souvent réalisées en carbone. Le travail est encore différent. J’aimerais un jour m’y essayer !

 

Lexique :

* catamaran : bateau possédant deux coques, en général l’une à côté de l’autre.

*dérive : aileron mobile placé dans l’axe de la coque qui permet d’améliorer la résistance latérale d’un voilier et l’empêcher de dériver sous l’action du vent.

*roof : construction haute sur le pont d’un bateau. Le roof sert généralement de logement

 

BEP : Le Brevet d’études professionnelles est un diplôme d’études secondaires qui donne une qualification professionnelle d’ouvrier

 

CAP : Le Certificat d’Aptitude Professionnelle est un diplôme d’études secondaires qui donne une qualification propre à l’exercice d’un métier.

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