À Keroman, à côté du port de pêche, l’aire de réparation navale accueille de nombreux navires pour des escales hors de l’eau. Sur ce vaste terre-plein à ciel ouvert, l’équipe de manutentionnaires du port s’affaire toute la journée autour de l’élévateur à bateaux. De couleur bleue, cette drôle de grue aux dimensions très impressionnantes fait la particularité des lieux. Son rôle : prendre en charge les navires, les hisser en l’air avant de bien les positionner sur la terre ferme. Rencontre avec Frédéric  Savary qui dirige l’ensemble de ces manutentions* de haut vol !

Comment fonctionne cette grue pour lever les bateaux ?

« Cette grue sur quatre pieds est équipée de très gros pneus pour avancer et se placer de chaque côté des quais, au-dessus du bassin d’où sortent les bateaux. Grâce à son système de sangles très souples positionnées sous l’eau, elle peut s’adapter à tous les formes de coques. Cette grue soulève tout ce qui flotte : des vieux-gréements*, des bateaux de pêche, de très grands voiliers de plaisance, des trimarans* de course au large…  Elle supporte aussi des bateaux très lourds, comme les navires à passager de l’île de Groix de 650 tonnes. Cet élévateur à bateaux (un « travel lift » en anglais) est le plus gros de France. Mis en service en 2002, il s’agit d’un outil unique, conçu et construit spécifiquement pour le site de Lorient Keroman. Il soulève 250 bateaux par an en moyenne. »

Qui travaille avec toi autour de la grue ?

« Nous sommes sept personnes. Trois d’entre nous avons le rôle de chef de manœuvres. Nous avons la capacité de diriger au sol toutes les manutentions menées sur le site. Les conducteurs de la grue s’appellent des pupitreurs. Ils sont deux, ils pilotent la machine à tour de rôle depuis une petite cabine surélevée. L’équipe se complète de deux agents de terre-plein, qui nous assistent et entretiennent le site. Pour manœuvrer la grue, nous travaillons au minimum à cinq personnes. L’équipe intervient au grand complet pour les plus gros bateaux. Des plongeurs peuvent également être appelés en renfort pour vérifier que tout est parfaitement en place sous un navire avant de le hisser. Ces plongeurs sont souvent d’anciens nageurs de combat de la Marine Nationale. Ce sont les meilleurs… »

Comment devient-t-on grutier ?

« Ce type de grue en forme de grand portique n’a rien à voir avec celui que l’on rencontre sur un chantier de construction en bâtiment. Un élévateur à bateaux est un outil très spécifique. Il exige presque une formation sur mesure, sous la forme d’un apprentissage progressif à travers des essais. On estime qu’il faut trois ans pour qu’un agent devienne pupitreur. Il maîtrise parfaitement sa machine quand il ressent toutes les vibrations et la façon dont elle se comporte. Ce métier portuaire demande beaucoup d’attention et de précision. Il reste d’ailleurs ouvert et adapté aux filles, de plus en plus nombreuses à travailler sur les espaces portuaires. »

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Lexique*

Une manutention désigne une opération qui consiste à manipuler, déplacer des marchandises, des objets ou des machines. L’aire de réparation navale de Lorient-Keroman est dédiée aux manutentions de navires.

Un trimaran désigne un bateau à trois coques avec deux flotteurs situés de part et d’autre d’une coque centrale plus volumineuse.

Un vieux-gréement désigne un navire ancien ou une réplique de ce dernier.